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J'ai cris - J'écris

J'ai cris - J'écris

J'ai cris... J'écris... depuis bien longtemps... Jamais publiée... jamais dans "la ligne éditoriale"... Mauvaise, alors ?.. peut-être... ou pas... Voici donc quelques textes venus de mon cœur, de mon âme, et puis de mon travail aussi, stylo et clavier... A vous de décider ce que vous en pensez !


UNE PETITE FILLE DELICIEUSE

Publié par Cat L sur 20 Juillet 2016, 21:04pm

1963.

C’est une petite fille très sage. Le dimanche, elle porte des gants blancs, une robe blanche sur un jupon blanc, des socquettes blanches dans des souliers blancs. C’est une petite fille très blanche, donc.

Sans nul doute très pure, pour être si blanche.

La petite fille sait bien qu’on ne doit pas répondre aux grandes personnes. Les grandes personnes ont toujours raison. Les grandes personnes méritent tout le respect des petites filles.

On ne doit pas les regarder trop dans les yeux, c’est insolent.

Une petite fille bien élevée sait marcher à petits pas et sourit en silence aussi longtemps que parlent les grandes personnes.

La petite fille sait bien tout cela.

C’est une petite fille très polie, elle est vraiment délicieuse, les grandes personnes le disent entre elles en la regardant tendrement.

……………………..

Tendrement, avez-vous dit ?

Monsieur Antoine, lui, dit que c’est d’amour qu’il s’agit lorsqu’il regarde la petite fille avec ses petits yeux gris trop rapprochés. Il le dit en suçotant les mots, ses lèvres s’avancent et brillent de salive à peine retenue.

Ses mains commencent à trembler, et il est bien obligé de les poser sur la petite fille pour les calmer. Monsieur Antoine lui a expliqué que certaines grandes personnes aiment tellement les enfants que leurs mains en tremblent, et c’est d’amour qu’il s’agit là, bien sûr. Ca arrive souvent, il ne faut pas s’inquiéter, c’est même une jolie histoire.

Et puis Monsieur Antoine fait très attention à ne pas froisser ou salir les jolis habits blancs. Il dit que c’est si beau, tout ce blanc jusqu’à la culotte.

Alors, il soulève très doucement les plis amidonnés jusqu’à découvrir cette culotte blanche. Là, ça y est, ses mains sont calmées, elles ne tremblent plus. Il suffit pour cela qu’elles arrivent à la culotte blanche.

Monsieur Antoine est une grande personne qui aime beaucoup les enfants. Il dit qu’il est aussi très ami avec le petit garçon du boucher. Mais la petite fille est sa préférée.

Une petite fille si blanche. Une petite fille si polie, si délicieuse, vraiment.

Monsieur Antoine dit qu’elle a le goût du printemps

Il l’a goûtée, du bout ses petites lèvres luisantes de salive, et puis ensuite avec toute sa langue épaisse et très chaude, très mouillée, trop grosse pour une si petite fille.

La petite fille sait bien qu’on ne dit pas non aux grandes personnes.

Les vieux messieurs sont beaucoup plus sages que les toutes petites filles, ils savent mieux qu’elles ce qui est bien pour elles.

On ne peut pas aller contre ça.

Pourtant… Pourtant, en elle il y a une toute petite personne qui pleure d’obéir. Une toute petite personne peut-être pourtant beaucoup plus grande que la toute petite fille, qui lui chuchote au creux du cœur que tout cela n’est pas bien et que Monsieur Antoine est un vilain vieux monsieur.

La petite fille laisse Monsieur Antoine toucher sa culotte, toucher sa peau sous la culotte blanche. Il frotte ses doigts sur le lisse et le doux de sa peau.

La petite fille a un peu de plaisir. C’est presque délicieux, cette caresse des vieux doigts sous sa culotte.

Monsieur Antoine a ses petits yeux gris qui brillent comme des orages.

C’est tout mélangé, pour la petite fille, l’orage, le plaisir, la grosse langue, la petite voix et les beaux habits blancs.

Une petite fille si délicieuse, si polie, si blanche, si sage. Si obéissante.

Les adultes le disent entre eux en la regardant tendrement. Monsieur Antoine le répète en la regardant goulûment. Orage, salive luisante.

Et puis les petits yeux de Monsieur Antoine deviennent troubles, il fait un bruit bizarre avec sa bouche, un peu comme un chien qui grogne. Alors, il enlève sa main de la culotte blanche, il essuie sa bouche avec sa manche.

Et la petite fille peut retourner jouer.

………………………..

Il faut juste qu’elle fasse bien attention à ne pas casser les plis amidonnés.

Il faut juste qu’elle fasse bien attention de ne parler à personne de l’amour de Monsieur Antoine.

Il faut qu’elle oublie la petite personne qui pleure, et le plaisir presque délicieux, et la loi de l’obéissance. Et la douleur dans sa tête, de tout ça qui se mélange.

……………………….

Est-ce qu’elle deviendra grande, la petite fille ?

A Périgueux, le 02/03/2003

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